WE ARE MOVING
La représentation, issue d’une image mentale, ne peut s’abstraire de nos convictions, elle trahit nos croyances. Convaincu que la dénonciation, la critique, la représentation par la négative a ses limites, j’ai choisi la mise en image du positif, l’optimisme à marche forcée.
Dans une interview récente, George Condo suggère aux artistes de se frayer un chemin au sein de leur culture. Un passage qui peut n’être guère qu’un « trou d’épingle » mais par lequel, si l’on si engouffre, peut se déployer un « vaste territoire de mondes nouveaux et inconnus, esthétiques ou désesthétisés. Car un grand univers émerge toujours d’une petite ouverture. »*
De même lorsque l’on regarde une oeuvre, souvent, c’est un détail qui nous fait entrer dedans. Des éléments empruntés à la culture populaire juxtaposés à d’autres issus de l’Histoire de l’Art peuvent créer cette brèche. Un élément crée un point d’entrée vers les autres et permet d’entrer dans la narration.
Mais cette pensée de George Condo m’évoque aussi la persévérance, la volonté qu’il est nécessaire de mettre en oeuvre pour donner à voir la peinture et tout ce qu’elle contient.
We are moving, on déménage, on bouge, on ne tient pas en place, nous sommes en mouvement.
We are moving, c’est aussi une fin de rime qui me reste en tête, la fin de la scansion d’un rappeur, qui fait écho à l’espoir que je veux faire vivre dans mes peintures. L’incroyable optimisme qu’il faut pour sortir de conditions sociales difficiles est celui auquel nous ne pouvons échapper si l’on veut avancer, s’améliorer, aimer et changer le monde.
Thomas Agrinier
*George Condo, interview by Keith Estiler on hypebeast.com, 2017